Nos réactions émotionnelles ont le plus souvent des causes si profondément enfouies en nous et dans notre passé qu’elles nous demeurent mystérieuses.
Pourtant, il est possible d’y avoir accès, de les contrôler et même parfois de les supprimer. En passant par les sensations du corps.
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Lorsqu’une réaction émotionnelle inadaptée persiste depuis longtemps dans notre vie, il n’est pas toujours facile de remonter à ses origines. Pourtant, notre réaction aux événements présents est toujours la conséquence de ce que notre cerveau a enregistré au cours d’expériences antérieures.
Ce processus est lié à la nature même de l’organisation du cerveau : les chiens de Pavlov salivent rien qu’en entendant une cloche sonner, si ce son à précédemment accompagné l’apport de nourriture. À l’inverse ceux pour qui la cloche a sonné tandis qu’il recevait un choc électrique se figent dans la peur et l’impuissance, en attente d’un nouveau traumatisme, même si aujourd’hui, il leur serait possible de s’échapper.
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En revanche, la mémoire du corps, trop longtemps délaissée par la psychothérapie conventionnelle, semble conserver la trace de tels traumatismes à travers la vie entière. Des liens qui relient si fortement le passé oppressant que l’on pouvait croire indéfectibles : or, dans certaines conditions, lorsque l’on arrive à réactiver et à animer cette mémoire du corps, ils peuvent se délier avec une réelle rapidité surprenante.
David Servan Schreiber