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12 décembre 2016 1 12 /12 /décembre /2016 10:58

L’amour véritable ne se réduit donc pas à la « captation désirante », à l’attachement passionnel. Mais l’inclination amoureuse peut-elle être alors le critère du véritable amour ? Ce qui caractérise l’inclination ou le sentiment amoureux, c’est sa spontanéité, car l’inclination amoureuse ne se commande pas. Or la question doit être posée de savoir si l’inclination amoureuse, ou plutôt le sentiment amoureux peut vraiment être posé au fondement d’un engagement, par exemple dans le mariage. Car il est clair que l’élément passionnel, du fait de son caractère impulsif, perd progressivement de son intensité au fil du temps, une fois éteints les « feux de la passion ». Par contre, lorsque le « sentiment amoureux » est enraciné dans le réel (plus que dans l’imaginaire passionel), il se transforme progressivement, au fil du temps, en « attachement » et en « tendresse », se nourrissant de la philia (amour d’amitié) et de l’agapé (amour don de soi), qui seuls permettent à l’amour de durer par delà les fluctuations du désir amoureux proprement dit (eros). Ce qui, en général, garantit la durabilité de l’amour, c’est lorsque les conjoints ont la certitude mutuelle de se recevoir l’un l’autre comme une grâce de Dieu, lorsqu’ils ont l’assurance que leur amour mutuel ne vient pas d’eux, mais qu’il puise en Dieu sa source, qui est à l’origine de leur union, s’il est vrai que c’est Dieu qui les « unit » dans son amour.
C’est cet amour-là dont le Christ rappelle qu’il est « indissoluble » : « ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare point » (Matthieu, 19, 6). On ne choisit pas son conjoint, si l’on entend par là un « choix » entre des possibilités indifférentes, impliquant un calcul des « avantages » et des « inconvénients », mais on consent à se laisser attirer par une possibilité qui est mienne (c’est « mon choix » ou ma « préférence » ; c’est lui ou elle, et pas un(e) autre !) et qui s’impose comme une évidence interne, à laquelle il est certes possible de résister (là où l’attraction passionnelle, on l’a vu, est souvent « irrésistible » : on voudrait résister mais on ne peut pas résister) mais à laquelle on ne résiste pas parce que l’on ne veut pas résister. C’est de cette évidence interne, ou de cette illumination, que témoigne le bouleversement d’Adam lorsque, voyant Eve pour la première fois, il s’exclame dans un cri d’exultation : « c’est l’os de mes os et la chair de ma chair ! » (Genèse, 2, 23). A ce titre, le « sacrement » n’est pas ce qui « fait » le mariage (comme c’est le cas dans la perspective catholique, où le sacrement objective de manière efficace l’amour des époux, par la grâce de Dieu qui s’engage et se lie à l’homme dans ce sacrement) mais il n’est que le signe visible et extérieur d’une grâce invisible et intérieure déjà donnée, celle par laquelle les époux ont été « unis » par Dieu qui a « incliné » leur cœur l’un vers l’autre en vertu d’un amour auquel ils ne font que consentir de tout leur être.
Cet amour qui les dépasse est ce par quoi les conjoints se sentent « unis » par quelque chose de plus grand qu’eux. En l’absence de cette grâce intérieure et invisible, on peut douter de la validité du mariage devant Dieu, car le sacrement, qui n’est qu’un « signe », est alors privé de la réalité spirituelle, intérieure et subjective, qui seule peut lui donner toute sa signification. Ce consentement de tout l’être, signe d’un amour qui puise en Dieu sa source et son origine, se reconnaît ainsi à certains indices qui témoignent que la force de l’amour se mesure moins à l’intensité passionnelle du sentiment amoureux (souvent beaucoup plus superficiel qu’on ne le pense…) qu’à l’offrande de soi totale qui trouve sa source dans l’agapè divine. Saint Paul le rappelle clairement dans son « hymne à l’amour » : « L’amour est patient, il est plein de bonté, il n’est pas jaloux, il ne recherche pas son intérêt, ne s’irrite pas, il ne se réjouit pas de l’injustice mais met sa joie dans la vérité ; il pardonne tout, croit tout, endure tout, espère tout, pardonne tout. L’amour ne passera jamais ». (I Corinthiens, 13, 4-8).
Néanmoins, si cette certitude de recevoir son conjoint de Dieu est la clef d’un amour durable, celui-ci ne dispense pas de faire appel à un « discernement rationnel » car la situation post-adamique fait que l’évidence interne peut être faussée par les passions, et la « certitude spirituelle » que donne le Saint-Esprit, quand il incline notre cœur avec conviction, peut être confondue, en l’absence de ce discernement, avec une certitude purement psychologique. Là où la passion est « aveugle », et se laisse étouffer par des désirs superficiels et passagers, qui ne correspondent pas aux aspirations profondes de la personne. Ce discernement ne supprime pas la part de risque qui est au cœur de l’amour vrai (supprimer ce risque, ce serait supprimer l’amour, qui se mesure précisément à cette part de risque que l’on est capable de prendre pour l’autre) et c’est pourquoi il arrive souvent que vouloir « jouer la sécurité », par peur de se tromper ou de faire le mauvais choix, risque toujours de tuer l’amour, car l’amour vrai se reconnaît aussi à son inventivité, à la part de risque que l’on est capable, par amour, de prendre pour l’autre, étant entendu que l’on ne pourra jamais avoir de certitude complète sur l’avenir à long terme d’une relation, d’où la nécessité de poser un acte de foi dans ce domaine.
Mais ce risque qui est au cœur de l’amour véritable, n’est pas exclusif d’un discernement rationnel, car il ne peut y avoir d’amour durable sans un « projet » de vie similaire, sans des valeurs communes qui puissent « cimenter » l’union (par exemple, puis-je raisonnablement m’engager avec une personne qui ne croit pas en Dieu, si la foi constitue un élément et un moteur essentiel de ma vie ?). C’est là qu’il y a un « piège » du « sentiment amoureux », parce que celui-ci survalorise la dimension affective et sensible (laquelle ne m’engage pas vis-à-vis de l’autre, même si un premier « discernement » est requis déjà au niveau de la sensibilité humaine – je ne peux envisager de faire ma vie avec quelqu’un qui ne m’attire pas ! – et au niveau de l’affectivité – certaines émotions, comme la joie, la paix et la confiance que j’éprouve en présence d’une personne, sont un signe éminemment positif, alors que la jalousie, la crainte sont des émotions plutôt négatives, qui doivent aussi intervenir dans mon discernement) au détriment des facultés plus spirituelles, à savoir l’intelligence (qui examine la compatibilité des projets de vie) et la volonté (qui seule peut m’engager véritablement, parce qu’elle implique un choix d’aimer l’autre par-delà les fluctuations du sentiment amoureux, de l’état amoureux proprement dit). On voit donc que contrairement à ce que l’on pourrait croire, la dimension affective et sensible, à partir de laquelle nous mesurons bien souvent notre « amour », est beaucoup plus superficielle, malgré l’intensité que peut avoir le « sentiment amoureux », que l’engagement de notre liberté par notre volonté, car celle-ci touche au plus profond du mystère de notre personne, faite pour se donner librement à l’autre.

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Published by rendezvousbienetre