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12 décembre 2016 1 12 /12 /décembre /2016 10:59

Mais si l’engagement dans le mariage ne doit pas se fonder uniquement sur cette dimension « sensible », cela ne veut cependant pas dire que l’amour, qui implique et engage la liberté de la personne dans sa décision, exclut la sensibilité. Un tel amour risquerait fort d’être complètement désincarné. C’est pourquoi il faudrait distinguer « sentiment » et « sentiment ». Plus précisément, l’amour puise dans le dynamisme actif du sentiment la force et l’élan qui me tourne vers celui ou celle que j’aime, qui me pousse à me donner à elle. Mais cette source, cette mise en mouvement, qui fait toute la force de l’attraction amoureuse, se tarirait assez rapidement si elle n’était pas relayée et assumée dans une volonté et un choix d’aimer l’autre qui arrache le sentiment amoureux à ses fluctuations permanentes, du fait qu’il risque toujours de rester centré sur lui-même. Si le véritable amour implique un décentrement de soi, c’est parce que dire « Je t’aime » à une personne, ce n’est pas seulement faire état d’un « sentiment amoureux » que l’on éprouve pour celle-ci, mais c’est aimer l’autre pour lui-même (et non pour moi) et c’est désormais trouver en lui son véritable centre de gravité.
Or ce n’est nullement le cas, semble-t-il, dans l’exaltation romantique du sentiment amoureux : ce qui est ici aimé, en effet, c’est moins la personne vers laquelle je suis inclinée que l’amour lui-même, ce qui est le comble du narcissisme ou du nombrilisme, car ce qu’on aime alors, ce n’est pas vraiment l’autre, mais c’est l’amour par lequel on se « sent exister » ! St Augustin en fait l’amère expérience, au livre I, chapitre 3, de ses Confessions : « Je n’aimais pas encore mais j’aimais l’amour et par une indigence secrète je m’en voulais de n’être pas assez indigent. Aimant l’amour, je cherchais un objet à mon amour ; je haïssais la sécurité, la voie sans pièges, parce qu’au fond de moi j’avais faim : je manquais de la nourriture intérieure, de toi-même, mon Dieu, mais ce n’est pas de cette faim-là que je me sentais affamé ; je n’avais pas d’appétit pour les aliments incorruptibles, non que j’en fusse rassasié : plus j’en manquais, plus j’en étais dégoûté. Et mon âme était malade ; rongée d’ulcères, elle se jetait hors d’elle-même, misérablement avide de se gratter contre le sensible. Mais le sensible, certes, on ne l’aimerait pas s’il était inanimé ». Aimant l’amour davantage que la personne qui le suscite, ce qui se trouve en fait aimé, dans l’illusion romantique, c’est surtout l’état « euphorique » que l’autre produit sur nous, un autre que l’on jette aussitôt dès lors qu’il a cessé de produire cet « état hypnotique », selon la logique propre à la société de consommation.
D’où l’ambivalence profonde du sentiment amoureux : sentir signifie être affecté par l’autre (c’est l’aspect positif du sentiment), mais il peut s’accompagner aussi d’un retour sur soi, d’une forme de narcissisme quand le « ressentir » (au sens où l’on dit que l’on ressent quelque chose pour quelqu’un) devient la mesure de la vérité de l’amour. Ce qui caractérise au contraire l’amour, c’est précisément l’absence d’un tel retour sur soi : ce que je ressens n’est plus ce à l’aune de quoi je mesure mon amour, car la vérité de l’amour, c’est de ne pas prendre son propre ressenti intérieur comme la mesure de cet amour, ce qui correspond assez bien au décentrement de soi qui caractérise l’amour vrai, alors que celui qui mesure son amour au fait de « ressentir » (ou de ne pas ressentir) quelque chose pour quelqu’un reste prisonnier de lui-même, et incapable d’aimer en actes et en vérité.
En ce sens, l’amour est le don du soi du cœur qui ne fait pas retour sur soi, qui n’attend pas non plus de retour, qui n’exige pas la réciprocité. Il est exprimé dans la pensée : « je vous aime, mais je ne trafique pas des sentiments, je n’attends rien de vous, je n’impose rien ». La réciprocité est certes indispensable, car c’est elle qui fait de l’amour humain une vraie communion, mais le don de soi n’est pas un « calcul » subordonné à une espérance de réciprocité, ou à un « recevoir » en échange d’un « donner », c’est le don de soi qui trouve sa joie dans le seul fait de se donner. L’amour se répand comme un fleuve qui suit son cours. L’amour ne peut prendre naissance que dans un total abandon de soi. La fleur qui offre son parfum le fait sans calcul et sans arrière-pensées, elle ne cherche pas à profiter du regard que l’on pose sur elle, elle rayonne ce qu’elle est, libre à chacun de respirer son parfum et de jouir de sa beauté, ou de vous en détourner. La rose donne de sa beauté sans raison, gratuitement, comme l’amour vrai donne sans attendre. En ce sens, il n’y a pas d’amour sans don de soi. « Aimer, disait Thérèse de Lisieux, c’est tout donner et se donner soi-même ».

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Published by rendezvousbienetre