1. Le plus court chemin vers l'autre
I) Vie sociale
Tout ce qui est décrit sur la communication dans ces pages s'applique aussi bien à soi-même qu'aux autres.
Le sens de la vie se trouve certainement dans la capacité à rencontrer les autres et à se rencontrer soi-même dans une dimension profonde et respectueuse.
Notre capacité à rencontrer l'autre est lié à notre capacité à nous rencontrer nous-mêmes. Le plus court chemin vers l'autre est d'être en paix avec soi !
Vous trouverez cela en détail dans l'ouvrage "Chaleureuse rencontre avec soi-même"
La rencontre entre les êtres et le partage de leurs différences est une des principales sources de croissance pour chacun. Si le sens de la générosité a mis l'accent sur le fait d'avoir de bons contacts avec autrui, il a malencontreusement éloigné du contact avec soi-même.
En effet, qu'en est-il de la capacité à cette rencontre de soi avec soi ? Une grande méfiance s'est développée à ce sujet ! Sans doute, à juste titre, à cause de l'ego. L'ego pousse au nombrilisme et éloigne des autres.
Pourtant il faut distinguer l'affirmation de soi et l'ego.
II) Affirmation de soi et humilité
L'affirmation de soi est la capacité à exister sans crainte d'être vu et sans avoir besoin de se mettre en avant.
C'est être individualisé (et non individualiste)
L'humilité est impossible sans cette affirmation de soi. L'humilité est très différente de la négation de soi. C'est la capacité à une grande qualité de présence dans laquelle rien n'est exagéré ou clinquant. C'est une attitude délicate et respectueuse dans laquelle on n'a pas besoin de prouver qu'on existe. Cela génère du confort pour l'entourage.
L'affirmation de soi suppose qu'il n'y a plus négation de soi. L'affirmation de soi c'est quand il y a accueil de soi. Nous devrions développer cette capacité à se rencontrer soi-même et à s'accueillir.
Attention ! La maîtrise de soi, c'est le contraire ! La maîtrise, c'est considérer que "ce qu'on est" est insatisfaisant et vouloir le remplacer par quelque chose de mieux ! La maîtrise de soi n'est autre que de la négation de soi !
L'affirmation de soi c'est l'accueil de soi (par soi).
L'accueil de soi c'est l'accueil de celui que nous sommes et l'accueil de tous ceux que nous avons été... ainsi que l'accueil de ceux dont nous sommes issus.
III) L'ego et la personnalité
L'ego et la personnalité ne sont pas ce que nous sommes, mais ce que nous utilisons pour compenser notre manque d'affirmation de soi.
Ce sont des sortes de tuteurs compensant notre fragilité. Même dans sa version brillante, l'ego n'est pas chaleureux, il est clinquant. La personnalité, c'est une stratégie inconsciente dans laquelle nous jouons un personnage à défaut d'être soi. Au théâtre ou au cinéma, le personnage n'est pas l'acteur, ce n'est que ce qui est joué ! D'ailleurs l'étymologie "personna" (d'où sont tirés personne et personnalité) signifiait "masque de théâtre" en étrusque. Et "personne", signifie en même temps quelqu'un et pas quelqu'un !
Pour arriver à une affirmation de soi sans ego il est donc important de développer l'accueil de soi. C'est à dire une plus grande communication avec soi-même.
2. Les passages à vide (déprime)
A force de lutter en vain (car on lutte plutôt que d'accueillir) il arrive du découragement. La déprime n'est pas loin. La vie comporte deux grands axes : l'intérêt et l'attention .
L'intérêt c'est ce qu'on porte aux choses, l'attention c'est ce qu'on donne aux individus.
Nous avons d'un côté l'intérêt lié à l'énergie et au faire. De l'autre l'attention lié à la vie et à l'être.
Quand il y a plus de faire que d'être, les moments où l'énergie baisse sont douloureux. Il n'y a alors plus d'intérêt, mais il n'y a pas encore d'attention non plus. Il n'y a plus de l'un mais pas encore de l'autre. Le vide qui en résulte est douloureux. Il peut même l'être parfois jusqu'à vouloir mourir. Ce doit donc être pris très au sérieux.
Mais en même temps, il faut savoir que ce n'est que le passage d'un état à un autre. La vie et l'énergie sont différents. La vie c'est être alors que l'énergie c'est faire. Il faut des deux, mais la vie reste plus importante et l'emporte toujours.
Quand nous arrivons vers le milieu de notre vie, c'est cet enjeu qui est particulièrement à l'œuvre. D'où les fréquentes dépressions entre 40 et 50 ans. Ce passage vers la maturité se caractérise par un lâcher prise d'avec l'intérêt pour se tourner vers l'attention. Une conscience de la vie plus profonde se dessine. Mais les résistances s'opposent à cette naissance dont les enjeux sont mal compris et culturellement déformés.
Ce passage qui va de l'action et de l'émotion vers l'être et la sensibilité conduit à des vécus pleins de jouissance et non à des jours éteints. La jouissance y est plus grande car les vécus y sont vraiment vécus sans les résistances et blocages qui en entravent la dimension. Dans l'intérêt il n'y a que du plaisir alors que dans l'attention il y a de la jouissance.
3. S'offrir des moments de rencontre
Il est essentiel de s'offrir des moments de rencontre avec soi-même. Il est essentiel que celui que nous sommes aujourd'hui soit capable de rencontrer ceux que nous avons été jadis (et ce depuis notre enfance jusqu'à maintenant...
Que ce soit avec un thérapeute ou tout seul, ces moments sont privilégiés. Au calme, assis, couché, en promenade ou n'importe où, accepter les interpellations qui s'expriment en nous. Mettre du soin dans la réhabilitation de ce qui émerge.
Accueillir est important, mais il ne faut pas oublier qu'il est tout aussi important d'accueillir notre résistance à accueillir. Les résistances qui semblent souvent s'opposer à notre volonté ne font que nous montrer par où il faut passer pour aboutir à ce qui doit être considéré en premier. Les chemins les plus courts ne sont pas toujours les lignes droites ! Il faut suivre le balisage... et non le détruire.
Cette qualité d'être influencera favorablement la vie professionnelle, mais elle influencera tout autant la vie familiale. Les éléments de communication restent vrais dans toutes les circonstances de la vie.